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 Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur...

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Trollounet
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Trollounet


Masculin Nombre de messages : 22
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Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur... Empty
MessageSujet: Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur...   Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur... EmptySam 8 Avr 2017 - 2:03

Bonsoir, Bonjour,

Voici donc, avec l'accord de Théo, et la nécessaire mention d'avertissement concernant les passages pouvant choquer les âmes sensibles, mes "mémoires de Metalleux". Vous y découvrirez une période de ma vie personnelle, culturelle, sociale comme professionnelle, avec mon évolution, ma courte carrière de conducteur routier, ma descente aux enfers dans les limbes infamantes du "satanisme en carton" (les pires, ceux qui profanent, qui agressent, etc), la maladie qui a suivi et mon hospitalisation... puis ma convalescence, et le lent mais nécessaire retour à une vie normale. Ce n'est pas un exemple à suivre, concernant l'implication dans les cercles les plus radicaux d'une culture d'outsiders comme le Metal. Mais ça peut aussi concerner certains Goths, et quelques autres, alors j'ai voulu ce texte non pas comme une leçon de morale... bel et bien comme un avertissement sans équivoque.

Bonne lecture, et n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires et ressentis.

- Antonin "Trollounet".

----------------------------------

Chemin de Haine - Texte complet.

Chapitre Premier : les balbutiements

[justify]

Toute personne un tant soit peu cultivée connaît l'existence de la musique hard rock, et de sa descendance, le metal. Mais qui connaît réellement les metalleux, leur univers, et ce qui peut parfois se cacher derrière une culture extrême ? C'est le sujet de ce récit. Vous y découvrirez mon entrée dans le milieu metal, mes rencontres, mes délires, mes moments de joie et de tristesse, mais aussi la maladie que j'ai vécu, et son rapport avec le metal.

Tout ce qui est décrit dans ce récit est réel. J'ai peut être oublié quelques détails, mais l'essentiel y est. Évidemment, pour des raisons de confidentialité, les noms/pseudonymes de certaines personnes prenant part à l'histoire ont été modifiés, ou n'ont pas été précisés.

Avant de me mettre à écouter du Metal, j'écoutais de la musique plutôt commune et relativement facile d'accès : Renaud, Mark Knopfler et les Dire Straits, Midnight Oil, Dido, Lene Marlin, des choses de ce genre. Quand j'étais jeune collégien, j'écoutais même du rap français, mais j'ai vite arrêté. En tout cas, à l'âge de 19 ans, j'ai découvert avec intérêt et excitation la musique Metal, et la culture Geek, sans penser une seule seconde que tout ça allait me conduire si bas...


Cela a commencé à l'été 2005. J'avais dix-neuf ans à l'époque, et j'étais en vacances, après un Baccalauréat obtenu de justesse. Je me promenais dans les allées d'un grand centre commercial de Grenoble, quand soudain, en devanture d'un disquaire bien connu, je vis un album d'un groupe que je ne connaissais pas : Iron Maiden. La pochette représentant un char romain tracté par des chevaux démoniaques et menée par une momie m'attirant, je fis un tour sur Internet pour voir à quoi cela ressemblait en musique. Et là... le choc ! Je découvrais une musique que j'ignorais jusqu'à lors : le heavy metal. Des guitares et une basse sur-amplifiées, une batterie ravageuse, un chanteur habillé en cuir, à la voix puissante et prenante... Ni une ni deux, j'ai acheté ce CD. C'était le double album « Death On The Road »... Je l'ai écouté sans me lasser. Et je l'écoute encore aujourd'hui... L'engrenage s'était animé... Un album, puis deux, puis trois...


Ayant décidé de me raser la tête pour aller sous les drapeaux, en l'occurrence au sein de la Marine Nationale, je suis parti pour Toulon, en septembre de la même année. Sous l'uniforme, je n'excellais pas, encore moins en sport... Je m'attirais les foudres de mes supérieurs hiérarchiques directs, à savoir deux sous-officiers particulièrement méprisants et imbus d'eux mêmes... Aujourd'hui encore, je me souviens de leurs voix me disant à quel point j'étais nul... Sans doute leur manière de se venger d'une affectation de la sorte, en fin de carrière. Alors que les officiers plus gradés étaient plus conciliants, plus posés, plus compréhensifs. Heureusement, j'avais ma musique pour penser autre chose pendant les rares moments de temps libre. Et ma musique préférée était bien sûr... Iron Maiden ! J'écoutais chaque chanson sans me lasser. Au son de "Wasted Years", je pensais à mon enfance, à celui de "Aces High" j'avais une pensée pour les aviateurs de la RAF pendant la Seconde Guerre Mondiale, … et ainsi de suite.


Un jour froid et venteux de novembre, je me baladais nonchalamment sur le port de Saint-Mandrier, où se tenait une petite brocante. Je passais de stand en stand, quand soudain, un carton attira mon attention... Il était rempli d'une cinquantaine de CD compilations, offerts avec les magazines de hard rock, que je ne connaissais pas encore... Dont le fameux « Hard Rock Magazine » ! Une occasion en or. J'ai demandé au vendeur combien il voulait en tirer, et à force de négocier, j'ai acheté tous les CD pour une vingtaine d'euros... C'est ainsi que j'ai commencé à écouter autre chose que Iron Maiden... en bref, du death metal, du thrash, du grindcore, et deux ou trois morceaux de black metal. J'ai ainsi découvert des groupes comme Seth, excellent black metal français, que j'écoute encore aujourd'hui.


Par effet d'engrenage, j'ai acheté Metallian Magazine, et j'ai accroché de suite ! Cet univers me plaisait, j'étais tombé dedans. Des chroniques d'albums, des interviews de groupes, des adresses, des petites annonces... tout ce qu'il me fallait !


Mais hélas, le metal ne m'a pas donné la force de réussir ma formation de technicien radio et informatique. Premier revers professionnel, depuis le temps, de l'eau a coulé sous les ponts. J'ai quitté la Marine Nationale de mon propre chef, au mois d'avril 2006, sachant pertinemment que je n'étais pas fait pour ce métier là... Contrairement aux autres de la formation, et de toute la base d'ailleurs, je n'ai jamais réussi à "débrancher mon cerveau" une fois entré sur le site, et à ne le rebrancher qu'en permission... Le retour à la maison fut relativement facile, la famille accepta. « Tu feras autre chose ». Ainsi soit-il. Je n'ai rien gardé de cette époque, hormis le bachis, le fameux couvre-chef des matelots... Maman doit l'avoir encore quelque part.



Chapitre II : Désillusion et rage cycliste


Je venais donc de subir un échec professionnel. Alors commença une longue période d'inactivité... Je n'avais que mon baccalauréat STT (maintenant STMG) en poche, pas évident de trouver du travail avec ce diplôme comme seul bagage...

Niveau opinions politiques, j'ai basculé. Plutôt de gauche, tendance communiste, à la fin de ma scolarité, mon départ de la Marine Nationale m'a dégoûté de beaucoup de choses... C'est ainsi que je me suis mis à fréquenter les milieux libertaires, et certains « objecteurs de croissance », ou militants de la décroissance. J'ai eu participé à de nombreuses réunions assez barrées, voire ésotériques, entre vieux militants libertaires désabusés, et jeunes cons à vélo dans mon genre... Et ce sur tous les thèmes possibles et imaginables, ça allait du droit des étrangers à la lutte contre le fascisme, et aux manifestations anticapitalistes, avec force slogans évocateurs. Ce que je ne savais évidemment pas, c'est que les autorités se préoccupent de savoir ce que deviennent les anciens militaires, et je n'y faisais pas exception... Je vous en reparlerai plus tard.

Je me souviens notamment avoir participé à un forum « anti-bagnole », parce qu'à l'époque des faits, je n'avais pas encore mon permis de conduire, et je n'en voulais pas... Je voyais la voiture comme un outil d'asservissement, un objet démontrant la réussite sociale (ou non), la puissance compensatrice d'une défaillance de virilité pour les hommes, et un indispensable accessoire de mode pour les femmes (la publicité me donnait raison), et la pollution. Je noyais en fait ma haine de la société de consommation dans ce thème... Vous verrez le revirement qui a suivi. Et je n'en suis pas fier... Encore aujourd'hui, j'y repense, et il m'arrive d'avoir honte, de regretter sincèrement... Mais ce qui est fait est fait, comme dirait Maman.

Je me rappelle également avoir participé à un concours organisé par un site internet Américain, intitulé "Fuck your Hummer"... Le but était simple : se faire prendre en photo devant un 4x4 de cette marque, connus pour être parmi les voitures les plus polluantes au monde, et faire un magnifique fuck. Ils ont publié ma photo sur leur site, d'ailleurs, je dois encore y être. En fait, je détestais le côté puissance, force, instrument de domination de la voiture, surtout en ville. Donc je me déplaçais à vélo ou en transports en commun, et je ne manquais jamais de hurler sur un automobiliste imprudent ou con qui venait de me serrer de trop près ou de me griller la priorité. J'ai également participé à plusieurs "Vélorution", des manifestations festives à vélo pour réclamer plus en faveur du vélo, en zone urbaine. Car, si je considérais le vélo comme un moyen de déplacement à part entière, c'était loin d'être le cas de tout le monde à Grenoble. Au mieux, c'était un sport pour certains, au pire, une façon d'user jusqu'à la corde un vélo de supermarché sur une piste cyclable de trois kilomètres, pendant le week-end ou les vacances...

Je continuais à écouter du metal, je découvrais des groupes et de nouveaux genres régulièrement. Je passais ainsi du heavy metal traditionnel au thrash (Slayer par exemple), puis... au death (Cannibal Corpse, Six Feet Under...) Je suis allé à mon premier concert de metal au printemps 2006... c'était une soirée à but caritatif, pour une association d'enfants malades, c'est dire si les metalleux ont du cœur ! J'ai apprécié la musique, l'ambiance, les discussions... Bref, je me sentais à l'aise ! Je portais fièrement mon premier t shirt metal : Iron Maiden, The Number Of The Beast !

Professionnellement parlant, en revanche, ce n'était pas la fête. Pas de travail pendant 7 mois consécutifs... Un projet de formation, peut être, pour devenir technicien en construction de maisons à ossature bois. Le centre de formation était sur Montélimar, ils étaient emballés pour m'accueillir, et il ne me restait plus qu'à trouver un maître d'apprentissage. Pourquoi pas. Mais à l'époque, je n'avais pas encore le permis de conduire, ce qui est un handicap... Donc je commençais par passer mon code, que j'ai eu plus tard... J'avoue que la détermination de ma famille à me voir obtenir ce papier rose y fut pour quelque chose.

A ce moment, j'ai découvert le folk et le pagan metal, par le biais de groupes comme Finntroll, Manegarm, Eluveitie, Moonsorrow, Ensiferum, Equilibrium, Folkearth, Korpiklaani. Ce fut une révélation ! Je me suis passionné pour les cultures celtes et scandinaves, la mythologie, les dolmens et les créatures fantastiques... Je dévorais des romans fantasy contant les existences de braves chevaliers et de nains barbus allant combattre des monstres dans les régions les plus hostiles d'un monde imaginaire, celles des elfes peuplant leurs forêts magiques et se préparant à une inévitable guerre, ou celles de barbares se mettant sous la protection d'un vénérable dragon de bronze... Une manière économique de m'évader d'un quotidien pas très glorieux...

Après un long été d'inactivité, je suis parti dans les Yvelines, en septembre 2006, préparer un CAP de navigation fluviale... Dans mes idées à la con, celle-là arrive en premier, haut la main ! N'ayant aucune famille ni aucun ami dans la batellerie, je ne connaissais pas bien ce métier, mais j'avais toujours autant envie de voyager, de voir du pays. Ainsi, je commençais de nouveaux cours. Matelotage, navigation, mécanique moteurs, pratique, électricité... et une remise à niveau en français, dont je me serai bien passé. Le tout au sein d'un centre d'apprentissage où nous étions, moi et mes amis futurs bateliers, la risée de toutes les classes... Tout d'abord, je fus accepté en apprentissage sur un bateau de croisière fluviale, d'une compagnie Alsacienne, bien connue, mais que je ne nommerai pas. Horaires infernales, exploitation, brimades, menaces de coups et blessures, de me faire enfermer dans la cale, voire de mort (!)... J'ai tenu deux mois avant de jeter l'éponge, et de changer de navire. Je suis parti alors sur une péniche transportant du blé ou du charbon. Pire encore... Il fallait sans arrêt être sur le qui vive pour passer les écluses, nettoyer le pont ou la salle des machines, faire le larbin, dans les grandes longueurs. A toute heure du jour et de la nuit. Et employé par un patron qui ne trouvait rien de mieux à dire que « les gens d'à terre ne connaissent pas le métier, de toute façon ». Les « gens d'à terre », sous entendu moi. Drôle de conception de la démocratie en France, comme si, sur une péniche, les droits élémentaires de tout citoyen Français (sauf le capitaine) étaient bannis de la vie quotidienne... sans parler du "salaire" qu'ils ne m'ont jamais versé. Eh oui, ces "artisans mariniers" ne pensent qu'à leur mazout, leur chiffre d'affaires, le crédit de leur péniche, leur petit monde, et ne vivent d'ailleurs quasiment qu'entre eux. Ouverture des écluses, oui, pas d'ouverture d'esprit par contre. Bien sûr, je continuais à écouter du metal, mais ça ne m'empêchait pas de connaître des moments de déprime, de mal du pays plutôt que de mal de mer... J'ai quitté le « métier » dans la douleur, et suis à nouveau rentré chez moi, en larmes. Deuxième échec professionnel...

Une semaine après mon retour, j'avais déjà retrouvé du travail, à la mise en rayon dans un supermarché. Puis à la plonge, dans une cafétéria. Puis dans une station service... N'ayant toujours pas le permis de conduire, j'y allais en vélo ou en transports en commun. C'est alors que je me suis dit : plus d'hésitation. Je veux un meilleur travail, un travail qui me plaise vraiment, dans lequel je m'éclate... Pour y faire ma carrière. J'ai obtenu mon permis de conduire, finalement, en février 2007, le jour de mes 21 ans, du premier coup pour la conduite, après un échec au code, bien vite oublié. J'ai alors pensé au transport routier de marchandises. Et pourquoi pas ? Alors, prise de contact avec un centre de formation bien connu, dans le nord Isère, et j'ai appris qu'il existait un CAP conduite routière de camions, en un an ! Maintenant, vous voyez pourquoi je vous parlais de revirement plus haut...

A partir de ce moment, j'avais un seul rêve : m'acheter un vieux camping-car ou un fourgon aménagé, et vivre en nomade, sur la route. J'avais envie de quitter Grenoble, j'avais envie de liberté et de nature, de grands espaces, d'aventures sur la route, de découvertes et d'expériences dignes de celles des Full-timers Américains... Sur Internet, je surveillais les annonces spécialisées, et les forums parlant de camping-cars ou de fourgons aménagés... C'était pour ainsi dire, mon côté « hippie ». Je me suis rendu compte bien plus tard que j'étais un metalleux avec un cœur de hippie. C'est une autre histoire... Je fréquentais donc un forum, nommé « Communauté Hippie », plutôt actif à l'époque, et un autre, traitant du transport routier de marchandises. Sur ces deux forums, j'ai rencontré quelqu'un de mon âge, qui devint mon meilleur ami. JayJay, de Bourgogne... Passionné par l'Australie, la bonne bière, les camions et les vieilles voitures, partageant ma vision du monde et mon goût pour l'originalité sans limites... Beaucoup de points communs, et une amitié inébranlable aujourd'hui encore.

En septembre 2007, j'ai recommencé les cours, en CAP Conduite Routière donc. Ça s'est plutôt bien passé dans l'ensemble, même si la mentalité régnant dans ce centre de formation est globalement lamentable, en terme de comportement au quotidien, d'aptitude à la boisson alcoolisée et aux herbes de Provence, et d'inculture générale... Cela m'a permis de renforcer mes idées « de gauche », tout simplement parce que c'était la seule façon de continuer à avoir un esprit critique, en présence de phénomènes débarquant de contrées marquées par la consanguinité, réclamant le retour de la peine de mort, le renvoi dans leur pays des immigrés, les "mécréants" (non catholiques) et les homosexuels au bûcher... Entre autres, évidemment. Bien que ces tristes sires, devenus le "lepenproletariat" actuel, ou, excusez le point Godwin, ils auraient pu être dans les rangs des SA pendant les années 20 et 30... N'aient jamais vu d'Africains ni d'Arabes (même nés Français) ailleurs que dans leur putain de télévision, bien évidemment branchée sur TF-gnhein. Sans compter que les grains du café qu'ils buvaient chaque matin n'ont jamais poussé sur les versants de la vallée de l'Arve ou de la Maurienne, encore moins dans les collines de la Haute-Loire. Si ils lisent ces lignes, ils se reconnaîtront... si seulement ils lisent. Bref.

En juin 2008, un peu après mes examens, j'étais en ville le soir de la fête de la Musique. Il y avait des concerts, notamment une scène dédiée pendant une heure au metal... Allons y ! Mais je ne souhaitais pas y aller seul... C'est alors, que croisant un groupe de jeunes de mon âge, j'appris qu'un amateur de metal comme moi, traînait seul en ville. J'allais donc à sa rencontre, pour passer un bon moment. Pour ne pas dévoiler sa véritable identité, je le nommerai « Skog ». Nous nous sommes donc rencontrés, embrassés comme deux frères (nous portions à peu de choses près la même tenue, treillis + chaussures hautes avec un t shirt de groupe, lui c'était Watain, moi Finntroll...), et nous sommes allés au fameux concert. Pas mal, mais pas assez violent pour nous... Nous nous sommes amusés tout de même, dans les « pogos » (danse qui consiste à se pousser violemment, jusqu'à tomber par terre), et on s'est défoulés en "headbang" (action de secouer la tête au rythme de la musique pour faire un moulinet avec les cheveux).

Nous avons fini la soirée chez lui, en regardant un DVD d'Iron Maiden, et en dégustant une chartreuse... Bon, jusque là, rien d'anormal. Mais le pire viendra...

Quelques jours plus tard, je suis allé boire une bière avec Skog, pour mieux faire connaissance. Il m'avoua sans peine que son truc, c'était le black metal. J'étais plutôt attiré par le heavy et le pagan/folk à l'époque, mais je me suis dit : « Vive l'ouverture ! » Nous avons gardé contact.

Jour après jour, ma formation s'était bien déroulée, j'étais en apprentissage. Une semaine à l'école, deux semaines chez le patron, ça dépendait du programme. J'ai appris à gérer un transport, les bases de la mécanique moteur, le calcul d'un prix de revient, d'un kilométrage... et bien sûr, à conduire un camion ! Au début, ce ne fut pas évident, surtout les manœuvres... Mais j'ai obtenu au mois de juillet 2008 mes permis poids lourd et super lourd du premier coup, et mon CAP également, comprenant la FIMO, et les attestations ADR base et citerne (certificats de formation matières dangereuses)... 15.65 de moyenne à l'examen final, la meilleure note de ma vie à un examen déterminant !

A l'été 2008, s'est produit un événement que je n'oublierai jamais... Ayant décidé de quitter Grenoble pour quelques jours, et désirant à l'époque passer quelques mois dans une communauté ou un écovillage, j'ai pris contact avec une communauté de personnes, se présentant comme des « Jésus Freaks »... Bien mal m'en a pris. J'y ai donc été, quelque part dans le nord du Gard... Je ne vous dirai pas où, pour ne pas leur faire de publicité. Peut être ce lieu n'existe-t-il tout simplement plus. J'ai tenu deux jours, à les voir chanter des cantiques, à entendre tout et n'importe quoi, notamment sur l'homosexualité et sur l'infériorité de la femme face à l'homme dominateur, à jouer le taxi pour des bénéficiaires du RMI, avec la voiture prêtée par une amie de Maman, et le carburant que j'avais payé de ma poche... Le troisième jour, las de tout ça, j'ai quitté ce lieu sans regret. Le soir même, j'ai appelé un ami, pour lui raconter cette triste histoire, car j'avais grand besoin de parler... Dans ma chambre d'hôtel à Valleraugue, un petit village sur la route du mont Aigoual, je me suis senti libre à nouveau... Il le fallait. Puis je suis rentré, via Pont Saint Esprit, Valence, Luc en Diois (où j'ai fait escale une nuit), Serres, et la route des Alpes, que je connais bien, pour revenir à Grenoble. J'en garde un souvenir contrasté, entre paysages magnifiques de cette région, dignes du Seigneur des Anneaux ou d'un roman de Warhammer Battle, étendues rocheuses, torrents et montagnes dans un univers de commencement du monde, et un lieu indescriptible, soi-disant endroit où tout le monde est bienvenu, où les jeunes de 11 ans parlent comme dans les cités et où les marginaux apportent la gale avec eux, mauvaises odeurs incluses... Je crois que c'est à ce moment précis que j'ai commencé à m'intéresser aux croyances païennes et à être aussi critique envers les religions monothéistes. De fait, j'adorais lire Charlie Hebdo, pour leur capacité à provoquer la colère des trois grandes religions qui dominent ce monde.

Chaque fin de semaine que j'avais de disponible ou presque, je prenais rendez vous avec Skog pour qu'on se voie. On commençait à se connaître, à se raconter nos vies, nos malheurs, nos moments de joie... et notre passion pour le metal. On s'échangeait les noms de groupes, les bons plans, des adresses de sites Internet parlant de la musique que l'on aime, ainsi de suite... Chaque fois que l'on se voyait, on célébrait cela par une bonne bière, avec un toast à la Tradition, non sans humour... Je me souviens encore de nos sorties en ville... on détonnait ! Lui en New rock, avec un pantalon noir, un t shirt Watain ou Mayhem et sa veste en cuir, moi en rangers, treillis camouflage, t shirt Moonsorrow...

J'ai par hasard retrouvé un ami commun avec Skog, en la personne du « Grand », que j'avais connu début 2007 dans un meeting politique. Le Grand, metalleux plutôt cool et éclectique, bon vivant, géant par la taille et grand par l'humour ! C'est bien simple, quand on sortait à trois en ville, vu nos gabarits, personne ne venait chercher des noises ! On était tout le temps fourrés ensemble... Il faut dire que, déjà à l'époque, les metalleux ne se montraient pas tant que ça sur Grenoble, et encore moins aujourd'hui... Par contre, du rebelle à mèches, du faux gothique tendance lolita ou emo, rebelle mais toujours un détail qui les rend "fashion"... A tous les coins de rue... Évidemment, on ne pouvait pas les voir en peinture, vu qu'ils s'incrustaient aux concerts, venaient nous quémander de la bière ou des cigarettes, et venaient nous voir sans qu'on leur demande quoi que ce soit... Ce n'est pas une question d'intolérance de notre part, mais ils venaient nous narguer, nous envahir l'espace, nous déranger en pleine conversation, et nous n'avions rien en commun avec eux. Sans doute que la moitié d'entre eux ont fini punks à chiens après une école d'arts ou une licence de Japonais abandonnée à seulement 6 mois d'université... Je n'en ai revu aucun. Donc nous nous retrouvions entre 'talleux aux concerts, dans la rue, ou encore chez un disquaire spécialisé metal à Grenoble, bien connu et bien achalandé.

Je travaillais toujours, et me sentais vraiment bien dans mon boulot ! En octobre 2008, je fus embauché dans une grande entreprise hollandaise de transport routier, pour faire de la citerne en produits dangereux (ce pourquoi j'avais demandé à être formé). C'était dur, mais ça me plaisait... J'avais des semaines très chargées. La Hollande ou la Belgique, j'y avais droit 2 à 3 fois par mois en général. Plus un peu d'Italie et d'Espagne... cela me permettait de voir enfin du pays ! Et de me sentir libre. J'appréciais particulièrement « descendre » du pays des Goudas via les Vosges, au crépuscule hivernal, écoutant Moonsorrow, October Falls ou Equilibrium en traversant des paysages de collines et de forêts de résineux... "Image d’Épinal", c'est le cas de le dire.

Pendant ce temps, Skog accumulait les petits boulots... Sorti du système scolaire sans diplôme, il ne trouvait rien que des emplois mal payés, et pas très gratifiants... Il partit quelques mois en Norvège, espérant refaire sa vie là bas. Puis il revint sur Grenoble, plus désabusé que jamais... Et la vie continuait. C'est alors que je fis la connaissance de Gorduk, un ami de Skog, originaire de Haute Savoie. Tous deux parlaient de passer dans un reportage télévisé sur le metal extrême, diffusé sur une chaîne privée bien connue que je ne nommerai pas. Ma réaction ? J'ai dit « Pourquoi pas, mais il ne faut pas vous faire avoir... » Vous devinez la suite, et vous avez raison. Les journalistes sont venus, les ont filmés, interrogés sur le metal, ont insisté sur la haine inhérente au Black metal... Et ont égrainé les poncifs habituels sur les metalleux en général, les associant au satanisme, voire à des actes racistes, antisémites, ou innommables... Le reportage qui devait parler du metal a en fait été un réquisitoire contre cette culture, en l'accusant de tous les maux de la société. La réputation de Skog en a pris un coup, autant dans le milieu metal que dans sa vie professionnelle... Heureusement que je n'ai pas participé à ce reportage, me dis-je encore aujourd'hui, ça m'aurait desservi d'une façon regrettable ! Cela dit, je n'ai jamais reconnu la capacité de cette chaîne et de ses officines de production à pondre des reportages qui ne soient pas racoleurs, partisans, diffamatoires et insultants envers le Metal et la culture Gothique.

Chapitre III : le chemin sombre...

Je n'ai pas participé à ce reportage, d'une part parce que je ne voulais pas, et d'autre part parce que je n'étais pas sur Grenoble à ce moment. J'avais décidé d'aller chercher du travail dans le centre de la France, après la fin de mon contrat dans l'entreprise Hollandaise, pour m'y installer définitivement, du moins je l'espérais. Il faut dire que ce qui m'attirait dans cette région, ce sont les prix de l'immobilier ancien et rustique défiant toute concurrence, ainsi que les possibilités d'emploi, c'est le long d'un axe routier d'importance. Donc, logiquement, des bases logistiques, des sociétés de transport de tous genres, ou de travaux publics, ou de services associés aux camions. Après moult recherches, descendant sur un axe Orléans - Cahors, je finis par trouver un poste correspondant à mes compétences sur Brive-la-Gaillarde. Bon, j'y suis allé. J'ai logé à l'hôtel pendant 5 mois, car je ne pouvais pas louer un appartement meublé, n'ayant signé qu'un contrat à durée déterminée... Après tout, autant le faire quand on est jeune ! Si le premier hôtel dans lequel j'étais se révéla particulièrement miteux et vieillot, à la limite de l'hôtel de passes d'ailleurs, le second était très agréable, pour le même prix, et proposait une terrasse ombragée pour se poser un peu... Ce qui arrangeait pas mal le travailleur que j'étais, quand il souffrait de la chaleur locale !

Que dire de Brive-la-Gaillarde, à part qu'à l'époque (je ne sais pas si c'est toujours le cas aujourd'hui), c'était une ville particulièrement mal famée, beaucoup de toxicomanes en errance dans la rue, ou de gens qui cherchaient plus ou moins ouvertement à profiter de moi... Par exemple, l'un d'entre eux voulait que je lui paye un café, sous prétexte qu'il m'avait fait un sourire à la terrasse d'un bar... Je n'avais jamais vu ça auparavant, dans aucune des villes où j'avais fait étape. Et je m'en rendrai compte plus tard, c'est très typique du Limousin en général, région que j'aurai dû mieux apprendre à connaître avant d'envisager un déménagement...

Évidemment, je restais en contact via Internet et téléphone avec Skog, qui se plaignait maintenant des retombées néfastes du fameux reportage, et qui s'est fendu d'un mail bien senti à la journaliste concernée... Sans réponse, comme de bien entendu, elle comme la société de production ayant "disparu corps et biens"... on connaît le "courage" des journalistes à sensations au service de la peur des moutons envers les loups. Pour penser à autre chose, il me fit découvrir quelques groupes de Black metal, dont Forteresse, Darkthrone, Carpathian Forest, Gris, Ur Falc'h et d'autres... Je commençais à apprécier le Black metal, pour la noirceur de la musique, sans forcément adhérer aux idées propagées par les paroles. Je n'écoutais pas de NSBM, National Socialist Black Metal, non seulement je ne supporte pas l'idéologie, mais le peu que j'ai écouté ne m'a pas satisfait par la "qualité" musicale. Ironie, quand je parle de "qualité", bien sûr.

Je travaillais près de 12 heures par jour, même certains samedis, ce qui fait que les samedis libres et dimanches étaient occupés par les courses, le rangement, la machine à laver, et... l'ordinateur. J'écoutais de la musique en permanence, et je prenais goût au Black metal. A un moment, j'en ai eu tellement assez de la pression du travail que je pensais me mettre au chômage volontairement pour quelques mois, tout en restant en Limousin. Avant de quitter Grenoble, j'avais pris contact avec un couple, vivant en Creuse et pratiquant « la décroissance », j'ai parlé de cette idéologie plus tôt dans l'histoire. Un mode de vie basé sur le refus de la société de consommation, l'éducation des enfants à domicile, l'écologie radicale et intolérante envers des détails insignifiants, et les aides sociales à profusion... Quelle ne fut pas mon erreur d'aller les voir... et de lier amitié. Vous le comprendrez un peu plus tard. Longtemps après, je regrette d'avoir fricoté avec cette mode de la "décroissance", que maintenant, j'assimile à rien de moins qu'une connerie à roulettes sans intérêt, autre que celui de vivre à la bougie. L'écologie, d'accord, mais ni ça, ni le "développement durable". Quand on trouve une idée rassembleuse et alternative, il est facile de créer sa "secte", pardon, son "mouvement alternatif basé sur des idées peu diffusées". Car c'est une mode qui pousse à des aménagements de vie, à d'autres modes de consommation, donc ça fait consommer et "tourner le bouzin", malgré tout. Allez dire aux 1.3 milliard de Chinois et aux 1.1 milliard d'Indiens, sans compter les Brésiliens et quelques autres, qu'ils doivent en revenir à un mode de vie "indépendant du pétrole et de ses dérivés", autrement dit... au moyen âge !

Nous sommes alors en juillet 2009. Skog, à ce moment, était quelque part en Bretagne. Il projetait de faire un BEP « conduite et services dans le transport routier », mais eut des ennuis familiaux et dût rentrer sur Grenoble. Je le conseillais du mieux que je pouvais, mais je sentais bien qu'il n'avait plus goût à rien, sauf à écouter du Black metal bien sûr. Lorsque je lui parlais sur Internet, j'avais l'impression de me retrouver face à une personne totalement différente de ce qu'il était en réalité. Il paraissait être l'incarnation humaine de la haine, de la désolation et de l'anarchie. Il me parlait de ce qu'il détestait, à savoir « les cons, les racailles, et Grenoble ». Je ne sais combien de fois, nous avons évoqué un vague projet : nous rejoindre en Limousin, trouver chacun un travail, et à terme, acheter une maison à rénover, ou poser un chalet sur un terrain, pour y vivre... Cela ne se réalisera jamais. Je comprendrais plus tard, une fois sorti de ma crise d'idéalisme, que ce projet était irréalisable sans risques pour ma personne, psychiquement ou physiquement, vu la personnalité chaotique, impulsive et auto-destructrice de Skog.

La chaleur de l'été est passée, et en cette soirée de fin septembre 2009, je bois une bière à la terrasse d'un pub de Brive. Le départ est proche, mon contrat de boulot s'achève. Mes « amis » décroissants m'ont invité à venir chez eux, pour me poser un peu. Volontiers. Je ne savais pas alors dans quoi j'allais tomber... Ça se passait comme ça : ne pas fumer, ne pas boire d'alcool, manger bio et équitable (sauf la glace Ben&Jerry's), supporter les cris et les caprices de leurs enfants, aller aux toilettes dans la sciure, se laver une fois par semaine, dormir dans une ruine crasseuse et ouverte aux 4 vents, sur un matelas pourri... Mais comment ai-je fait pour ne tenir rien que deux mois ? Je ne sais pas, aujourd'hui encore je me le demande. Vous comprenez maintenant pourquoi j'ai rompu avec ce courant idéologique...

Un jour d'octobre, j'ai vendu ma voiture pour m'acheter mon rêve : un camping car ancien, des années 80. On y était. Je pouvais maintenant vivre sur la route. Mais quand ils m'ont vu rentrer au volant de mon antiquité, quand ils ont su que j'écoutais du metal extrême et que j'étais chauffeur routier, ils m'ont demandé fermement, de partir. Peut être avaient-ils peur que je m'en prenne à leurs chiards, parce que j'écoutais du Metal, peut être m'ont-ils reproché de ne pas vouloir les emmener avec le C/C, qui n'avait pas de ceintures de sécurité à l'arrière, vu son année de fabrication... Voilà, plus de toit, toutes les affaires dans le camping-car... A ce moment là, j'ai regretté d'avoir vendu ma voiture, parce que dans le cas contraire, j'aurai pu partir dans la nuit, tracer jusqu'à Limoges pour trouver un hôtel ou un foyer, en attendant mieux bien sûr.

J'avais à ce moment là été engagé depuis une semaine dans une entreprise de transport routier, quelque part dans l'ouest de la Creuse. Un poste pas trop mal payé, mais un patron acariâtre et désagréable au possible, avec lequel il n'y avait pas possibilité de dialogue... Un mois de travail, mon chèque et la porte. Ça s'est passé comme ça. Heureusement, j'avais trouvé un logement, à la Souterraine, non loin de là. Un peu cher, mais bon, ça me permettait d'avoir un point de chute...

Plus d'emploi à partir de mi novembre... Je me suis mis à déprimer, à me replier sur moi-même... je passais mes journées au café de la gare (pour l'accès Wifi, qui n'existait pas encore au foyer de jeunes travailleurs), à chercher des offres d'emploi sur d'autres régions, à écouter de la musique, en discutant avec... Skog, toujours lui. Ne trouvant pas de travail, je suis rentré début décembre sur Grenoble. Toujours avec mon armoire normande sur roues... J'ai retrouvé l'appartement familial... Je m'étais planté de région, pas d'emploi, ça peut arriver. J'avais maintenant une expérience dans le transport routier, des compétences, et de la volonté. Il fallait que je passe outre, que je pose mes valises, et que je reprenne une vie normale. Ou presque... J'ai revu Skog au Marché de Noël, on a bu un vin chaud en parlant de tout et de rien, et là il m'a dit : « Sois fort mec. Tu es revenu avec l'honneur. » Si il le dit... Coup de chance pour moi, Orèl la Farfadette, une copine de longue date, m'annonce qu'un poste de chauffeur livreur est à pourvoir rapidement dans la blanchisserie où elle travaille pour la saison d'hiver. Je m'y rends sans hésiter, CV, lettre de motivation, entretien... Je suis engagé. C'est alors une expérience positive, avec de la manutention, de la conduite en montagne par conditions hivernales avec des 12 et 19 tonnes, et des fourgons 3.5 tonnes, des supérieurs compréhensifs, et en plus j'étais très bien payé pour ce travail. Je rentrais tous les soirs à la maison. Pas mal non plus !

Au mois de janvier, constatant que j'avais pris beaucoup de poids pendant mes aventures en Limousin, j'ai décidé de faire un régime alimentaire, sur les conseils d'un médecin nutritionniste, qui se révélera être rien de moins qu'un charlatan. Ce fut un des éléments déclencheurs de ma maladie...

En février 2010, je me rends au festival Hadra dans le nord Isère. Et là, surprise, je fais la connaissance d'un autre metalleux : Nordland. Lui aussi est étonné de voir un de ses frères d'armes dans un festival de Psytrance ! Nous restons en contact, et nous sommes aujourd'hui toujours amis.

Entre-temps, avec Skog, c'est comme au bon vieux temps : nous passons nos samedis ensemble, nous partons en vadrouille avec le camping-car, nous buvons des bières en ville... Et nous parlons encore et toujours de nos vies, de nos malheurs, de nos projets... Un jour, il me dit qu'il est sur l'occasion de l'année : un terrain de 1500 mètres carrés, à vendre pour une bouchée de pain, quelque part en Lorraine. « Idéal pour s'y installer en yourte », me dit il ! Faut voir... Ça n'ira pas plus loin.

Fin mars 2010, un samedi soir, gros concert Black metal sur Annecy. Avec Nordland, nous décidons d'y aller en camping-car, et de dormir au retour, sur la route. Aucun problème. Je me souviendrai toujours de ce trajet interminable, au volant d'un engin improbable que l'on croyait sorti tout droit de la trilogie Mad Max, immatriculé en Creuse bien sûr, près de 3 heures et demie par la nationale... Mais pour aller voir Dark Funeral en concert, on ferait bien n'importe quoi ! C'était un bon show, une bonne ambiance, une soirée très réussie ! Le lendemain midi, nous sommes rentrés sur Grenoble, vraiment fatigués, mais heureux !

Chapitre IV : parapher le pacte de la haine

Je voyais toujours Skog, plus ou moins régulièrement. Je me souviens particulièrement d'une sortie que nous avons fait ensemble, quelque part dans les montagnes bordant la vallée de l'Isère... au début du printemps 2010. Nous nous sommes rendus sur la commune de Saint-Aupre... Là, il m'a raconté qu'au Moyen-Âge, une léproserie était installée à cet endroit... Avec force détails morbides bien sûr. Il évoquait aussi une grotte qu'il connaissait bien, qu'il prétendait avoir aménagé de bric et de broc, où il lui arrivait de se rendre pour faire des photos et rituels d'un genre particulier... Sans honte ni peur que j'en parle à qui que ce soit, il me parlait d'occultisme, de croyances noires, de la « voie de la main gauche », bref, du satanisme. Il prétendait pouvoir trouver des ossements, peu importe leur origine, pour des rituels funestes... A l'entendre, il semblait posséder toute une installation, toute une logistique, qui lui permettait de donner consistance matérielle et rituelle à sa haine de l'humanité, selon lui, "ce cancer rongeant le monde..." Pour ma part, je ne m'inquiétais plus de ses discours et textes sur une autre obsession, l'intolérance généralisée qui l'habitait... Parfois quand même, je lui disais « Tu exagères ! »... Sans grand effet.

Mon esprit, qui était alors définitivement ancré dans l'humanisme et à gauche de l' échiquier politique, n'arrivait même plus à séparer le bon grain de l'ivraie, et c'est ainsi que tout a basculé...

A peu près au même moment, du moins il me semble, j'ai coupé les ponts avec le Grand, sur la base de conneries racontées par Skog... Comme quoi le Grand m'accusait de certaines choses... que je ne veux pas développer ici. Une preuve de plus, et je m'en suis rendu compte longtemps après, des changements sur ma personnalité entraînés par la fréquentation de Skog.

Je ne m'en rends pas compte, mais je change d'attitude peu à peu... Je deviens de plus en plus « borderline », renfermé sur moi-même, absent, désabusé, je commence à négliger ma santé, mon travail, et pire, ma famille et mes vrais amis. C'était trop tard, je venais de basculer sous l'influence de Skog. Je commençais à écouter des groupes de black metal dépressif, tels que Gris, Nocturnal Depression, Xasthur, Woods Of Desolation, … et j'y prenais goût. Je me mettais sur mon ordinateur pour composer des textes tous plus invraisemblables les uns que les autres, sur la tradition, les poseurs, l'extrême-gauche et le metal, textes que je publiais sur un blog... Une partie de mon esprit venait alors de parapher le pacte de la haine. Je faisais directement référence dans un de ces textes à l'affaire de Tarnac, laquelle faisait grand bruit à l'époque dans les médias, et j'exprimais sans penser aux conséquences ma volonté de prendre le maquis, ainsi qu'une forme de résistance envers le monde moderne qui prenaient racine dans mon idéalisme fou.

J'ai oublié de vous préciser, amis lecteurs, que l'état dépressif que je traînais depuis mon adolescence était en train de s'amplifier à ce moment là, sans que je ne m'en rende vraiment compte... Et c'est important, car c'est un terrain favorable au déclenchement d'une maladie comme la mienne.

Je me rappelle particulièrement d'un concert auquel nous sommes allés sur Lyon, un jour de mai 2010. L'affiche était intéressante : Nocturnal Depression, Forgotten Tomb, et deux autres groupes. Donc nous avons fait le déplacement, toujours en camping-car. La prestation de Nocturnal Depression m'a bien plu, parce qu'ils ont exécuté une reprise de Nargaroth : Seven Tears Are Flowing To The River... ce qui en français, veut dire, « Sept larmes coulent vers la rivière... » Tout un programme. Un groupe nommé « Aghonie » était programmé également, je me suis donc dit que cela pouvait être un autre combo de black metal dépressif ou atmosphérique... Pas du tout ! C'était tout simplement un groupe rock de... néo-nazis, dont le logo reprenait le logo des SA, qui chantaient leur idéologie nauséabonde, entourés par deux cagoulés, brandissant chacun un tonfa...

Skog, lui, était relativement imbibé d'alcool, il s'éclatait dans la fosse, et ma crainte était alors que la soirée tourne à la bagarre générale, pour une raison futile... Mais il n'en fût rien. Nous avons dormi sur une aire de repos, en pleine campagne, avant de rentrer le lendemain midi sur Grenoble... toujours en écoutant du Black metal dans le poste.

Ma vie me semblait équilibrée, mais n'était pourtant basée que sur le nihilisme et l'acceptation de la haine : je ne vivais que pour écouter du Black metal, entretenir mon camping-car, boire des bières et rencontrer Skog. Par effet boule de neige, je me suis quelque peu fâché avec Nordland, lui aussi s'inquiétant de mon changement d'attitude. Mais le pire était à venir...

(A suivre dans second post)
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MessageSujet: Re: Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur...   Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur... EmptySam 8 Avr 2017 - 2:05

(Suite Chemin de Haine, seconde et dernière partie. Cause : post initial trop long pour les paramètres du Forum par message.)



Chapitre V : les désolations psychiques, la souffrance, la honte...

Je continuais mon travail de chauffeur routier malgré tout, menant en quelque sorte "une double vie", entre le chauffeur routier sympa et prêt à aider, et l'aspirant sataniste... En avril 2010, à la fin de mon contrat à la blanchisserie, j'ai postulé, et je fus engagé après entretien dans une grande entreprise de transport routier, spécialisée dans la chimie et le pétrolier, basée sur Grenoble. Ça me plaisait... Aller charger de la soude ou de l'acide à Pont de Claix, livrer à Marseille ou à Saint-Étienne, revenir, passer la nuit sur la route...

Telle était ma vie. J'avais des semaines tellement chargées que je ne pouvais plus aller consulter le charlatan diplômé qui m'avait prescrit mon régime alimentaire. Bien mal m'en a pris...

Je me souviens encore, il faisait très chaud en cette fin juin 2010. Je revenais de la région parisienne, je venais de livrer des tuiles dans le nord Isère, quand soudain, sur la rocade de Lyon, une voiture me fait de grands appels de phares. Je m'arrête en catastrophe, et me rends compte que j'avais perdu 3 cales en bois sur la chaussée. Le camion roulant derrière moi avait réussi à les éviter, pas la voiture qui le suivait (de bien trop près pour voir les obstacles, à peine 5 mètres, sur autoroute...) Deux pneus crevés sur la voiture en question, et surtout une grosse frayeur pour son conducteur. Il s'est avéré que c'étaient deux membres de la "communauté des gens du voyage", le père et le fils, acheminant un camion vers leur "domicile". Ce détail compte pour la suite du récit... Donc, constat en bonne et due forme, et je repars, tremblant de tous mes membres, épuisé nerveusement, et en proie à une forte toux... J'ai chargé à nouveau des parpaings, et je suis reparti sur Grenoble. Mais, à court d'heures de conduite et d'amplitude, j'ai dû m'arrêter sur une aire de repos abandonnée par les Dieux, quelque part à l'est de Lyon... Ce fut une nuit agitée, avec en prime un campement de Roms établi sur la pelouse proche de mon camion... Ma pire crainte était de me faire voler le carburant, ou de me faire agresser et dépouiller, purement et simplement... Je n'en ai pas dormi de la nuit. Une semaine de foutue. Je suis arrivé au dépôt le samedi matin, en larmes.

L'après midi même, après une bonne douche, un repas et un peu de repos... j'ai été contacté par... Skog, encore lui, qui me proposait d'aller nous balader un peu dans la nature. J'ai donc enfilé mon sarouel, un beau t shirt et une paire de baskets, et je l'ai rejoint. Il m'a présenté sa nouvelle petite amie, nous avons discuté... Il semblait avoir retrouvé de la volonté pour mener sa vie, je me disais, tant mieux pour lui. J'ai pris un moment pour enlever le béret que je porte à chacune de mes sorties, et me recueillir au pied d'un monument aux martyrs de la Résistance dans le Vercors. Ça l'a surpris, mais il ne me l'a pas dit ouvertement.

Le lendemain, dimanche donc, je suis allé en urgence à SOS Médecins, parce que ma toux avait empiré... Diagnostic : bronchite asthmatiforme sévère, avec risques de complications... J'ai arrêté aussitôt de fumer, et entamé un traitement avec antibiotiques et cortisone dans tous les sens. Arrêt de travail pendant quinze jours. Je n'imaginais pas la suite, que je vais vous conter.

Lundi, je toussais comme un tracteur, et je mouchais sans arrêt. J'avais de la difficulté à respirer, heureusement le médecin m'avait prescrit de la Ventoline. Je fus invité au restaurant japonais par Maman et une de ses collègues de travail... Et c'est là que j'ai commencé à me poser des questions. Rien qu'en sortant de la maison, je ressentais les odeurs en mille fois plus fort, comme si je possédais l'odorat d'un chien. J'entendais les bruits plus fort également, la tête me tournait... Je me sentais désorienté, à tel point que je dus consulter le plan du réseau de transports en commun à trois reprises, avant de trouver mon itinéraire, alors que je connais très bien le réseau de transports en commun de l'agglomération Grenobloise... (hors de question, vu mon état, de conduire pour m'y rendre, surtout vu mon véhicule à l'époque). Dans le tram et dans le bus, je me sentais presque claustrophobe, et agoraphobe, littéralement oppressé par les gens. Et je commençais à entendre des voix parlant de débris ayant causé des accidents sur l'autoroute... Je ne sais pas combien de fois je me suis lavé les mains ce jour là, je me sentais sale...

Le lendemain il me semble, après une nuit agitée, je me suis levé plutôt tard. Maman travaillait, et je restais au domicile familial, vu mon état, j'avais besoin de repos. Je me souviens juste avoir passé le balai dans tout l'appartement trois fois de suite... Et être retourné m'allonger. C'est alors que, dans la rue, j'ai entendu distinctement des gamins de 10 ans parler de bombes, de terroristes, d'armes à feu... A haute et intelligible voix. J'étais d'ores et déjà en train de délirer complètement, mais je ne le savais pas encore. J'ai donc attrapé le téléphone, composé le numéro de... la police municipale, et je leur ai expliqué la situation. Quinze minutes plus tard, j'ai entendu toutes les alarmes des maisons du quartier, et trois voitures de gendarmerie sont arrivées... Inutile de vous dire que je m'attendais à tout, sauf à ce qui est arrivé ensuite.

Les trois semaines suivantes furent invivables. J'entendais distinctement des voix : mes proches, les gendarmes, les voisins, parlant au choix de : profanations de tombes (dont des actes particulièrement innommables, tel qu'un bien nommé "couscous obscène", je vous laisse imaginer, sauf pour ceux qui ont lu "Les Nuits Fauves" de Cyril COLLARD), profanations d'églises, de caveaux et loges funéraires, satanisme, association à but terroriste, extrême gauche, saisie d'armes et/ou d'explosifs dans une grotte, trafic d'ossements humains, trafic de déchets radioactifs, de virus tels que celui de la peste bubonique, naturisme extrême, agression de personnes âgées, meurtre... Et d'un vieux véhicule, immatriculé en Creuse évidemment, arborant des autocollants satanistes... J'étais paralysé dans mon lit, accablé par les délires et la souffrance, me lever pour prendre un verre d'eau demandait un effort presque surhumain, je sursautais à chaque bruit, j'avais l'impression que mon téléphone et Internet étaient sous surveillance... La nuit, il me parvenait des bruits d'explosions, toutes proches de chez moi. J'entendais des gens crier, pleurer et se lamenter à longueur de journée. J'étais persuadé que des photos de moi pas très glorieuses étaient exposées dans un endroit public... Et plus encore.

A ce moment, il m'est devenu mentalement impossible d'écouter du metal, peu importe le genre. J'ai donc ressorti mes albums de Renaud, Mark Knopfler, et deux CD de musique de relaxation. Mais cela me faisait plus pleurer qu'autre chose... Je toussais toujours, quoi que moins. Mais je me sentais quand même horriblement mal. Non pas physiquement, mais bien mentalement. J'avais l'impression d'en être revenu à un âge mental de 6 ans, et à un niveau de honte qui surpasse ce que tout être humain normalement constitué peut éprouver...

Le seul lien avec la réalité que je conservais était ma vue. C'est ainsi, qu'un matin, tôt, je vis distinctement la voiture de Skog, chargée à l'arrière de mystérieuses caisses en bois à peine dissimulées par une couverture, quitter le quartier où nous habitions à toute allure... Lors d'un déplacement en ville pour aller consulter un médecin, je revis la même voiture et son conducteur, toujours avec des caisses en bois à l'arrière, escortée cette fois ci par de puissantes motos, d'une marque américaine bien connue. Mais que faisait-il ?

Les voix que j'entendais dans mes hallucinations me visaient clairement. Elles parlaient d'un jeune homme, habillé soit tout en noir, soit en treillis camouflage, avec des tee-shirts aux motifs surprenants, voire carrément équivoques, buvant de la bière en pleine rue, faisant le salut nazi, sortant surtout la nuit, chantant en norvégien et rôdant près des cimetières... J'ai distinctement entendu, par exemple, « C'est Mr (mon nom) que l'on veut appréhender, personne d'autre ! » venant d'un gendarme, ou « On va finir par chopper le gros », venant, vu l'aptitude à parler fort et le peu de vocabulaire employé, d'un membre de la "communauté des gens du voyage". Dans mon esprit délirant, cela ne ressemblait à rien de moins qu'à un complot. Une machination orchestrée par des personnes qui m'accusaient de tout et n'importe quoi, et voulaient absolument me voir en prison...

Le pire fût à mes yeux, une après midi dans un centre commercial. Je me sentais observé, je croyais que les gens me reconnaissaient, comme s'ils m'avaient vu en photo... Je voyais des gendarmes, policiers et forces d'intervention dans tous les coins du bâtiment, prêts à m'arrêter, j'étais persuadé d'entendre leurs communications radio, et d'avoir vu un véhicule "espion", camouflé en fourgon aménagé moderne... Mais pour quelle raison ? Je n'étais pas un délinquant, ni un terroriste, encore moins un criminel ! Je me sentais devenir fou... A tel point que j'ai dit une fois à mes proches : « Je vais descendre, et me rendre, simplement. » Je me voyais déjà partir, encadré par quatre policiers, dans une grosse voiture, directement pour le 36, quai des Orfèvres, à Paris...

J'étais persuadé que la télévision et la radio m'envoyaient des messages codés, se moquaient de moi, diffusaient des chansons qui font pleurer... Je n'utilisais plus mon téléphone portable, ni Internet. Je me souviens particulièrement d'une émission télé, un jeu présenté par Nagui, dans lequel cet animateur faisait exactement la même grimace que je faisais sur une photo présente sur mon ordinateur... Photo prise par Skog, inutile de le cacher. Mon cœur a failli bondir de ma poitrine quand le présentateur en question a exécuté un remarquable "Devil's Horn", les fameuses Cornes du Diable... le signe de ralliement de la communauté Metal. Dans mon âme corrompue, j'étais bel et bien visé. Et je ne compte plus les "faucheuses" que j'ai vu sur la route du Tour de France 2010, un après midi... Parce que j'en aurai parlé en de tels termes sur un forum aujourd'hui disparu, évoquant des velléités suicidaires quand j'allais mal ? Ridicule, aurais-je pensé dans une situation normale ! Mais dans de telles circonstances, j'en venais à penser que j'avais été espionné, sous surveillance via Internet, pendant quatre années au moins...

Pire encore : j'ai entendu distinctement mes proches dire, un soir, "On a mis les petits en sécurité". Sauf que dans notre famille, le terme "petit" signifie "enfant en bas âge". Autre élément troublant : lors d'un rendez-vous chez un para-psychologue (qui s'est révélé inefficace), j'ai vu un panneau annonçant la direction d'une "ronde celtique"... Et je ne comptais plus les fois, à ces moments, où j'entendais des comptines pour enfants, et des cris d'enfants assez jeunes.

Sachant que je n'ai JAMAIS eu de rapports non protégés avec qui que ce soit, comment aurais-je pu engendrer à moi tout seul plus d'une centaine d'enfants, avec des jeunes filles habitant à l'autre bout de la France ? A moins que, dans la "logique de complot" échafaudée par mon cerveau bouillonnant, quelqu'un (Skog ?) ait "recueilli ma semence" et "inséminé" des jeunes filles au hasard, en se faisant passer pour moi, d'une façon ou d'une autre ? Impensable ? (Je pense que, sur la question, je serai fixé d'ici une décennie, si je tombe sur trois autocars complets de petits Trolls asthmatiques à lunettes venus frapper chez moi...)

Pour l'anniversaire de mon frère, nous sommes allés manger au restaurant, au bord d'un lac. J'avais l'impression d'être déjà venu dans cet endroit, dans des circonstances peu glorieuses, il y a quelques années de cela... Je croyais me souvenir de ce restaurant, d'une cave décorée d'ossements humains, d'un redresseur de torts dans une salle décorée de croix chrétiennes, me parlant d'une deuxième chance, de reconversion, de pardon, d'excuses, alors que j'étais en pleurs, vêtu d'un jean, de baskets... et de mon t shirt Iron Maiden... Mon esprit était en perdition totale. Et personne ne savait exactement de quoi je souffrais.

Un jeune de mon âge se leva, et me fit un signe, en souriant... Je ne le connaissais même pas ! Vint alors la carte des menus. Et là... Un article du journal régional, imprimé sur la couverture... « Antoine M., étudiant le jour, sataniste la nuit... » avec une photo d'une sombre alcôve... Je me sentais clairement visé. Le passage à basse vitesse d'une voiture de gendarmerie me fit trembler de peur, et alors que j'aurais dû être heureux de fêter un anniversaire, j'étais complètement prostré, tétanisé par ce qu'il se passait dans mon esprit... Mais une autre voiture, bien reconnaissable à son modèle, ses rayures, son conducteur, passa aussi dans la rue longeant le restaurant. Celle de... Skog, bien évidemment, inévitablement chargée de trucs à l'arrière, dissimulés sous une couverture. Ca tournait à l'obsession plutôt qu'au complot. Qui croire ? Que faire ? Que vais-je devenir ? Prison ? Suicide par désespoir ? Internement psychiatrique à vie ?

Au retour de cette sortie, qui pour moi fût un enfer... Sur l'autoroute, notre voiture fût suivie du départ du restaurant à l'arrivée chez nous, par un véhicule que j'ai cru reconnaître comme appartenant à mon patron de l'époque... Avec un chef, de cette entreprise, à bord... A croire, dans mon esprit corrompu par le mal, que mon employeur aussi se posait des questions sur mon compte... (Aujourd'hui, je le sais, ma maladie a gêné ces personnes, ce qui me vaudra la suite, que je pressentais...)

Ne pouvant rester seul 3 semaines sur Grenoble, au vu de mon état, je partis en Bretagne avec ma famille. Et quelques jours après mon arrivée sur place, j'ai ressenti que mes ennuis m'avaient suivi... Au marché, les passants me regardaient, me toisaient, me jugeaient... Je voyais les gendarmes tourner dans le quartier, et lancer des regards peu amicaux. Comme traitement, mon médecin m'avait prescrit deux anxiolytiques avant le départ. Ça me soulageait, mais c'était encore insuffisant. Je ne pouvais toujours pas écouter de metal. Jusque là, Skog m'avait laissé tranquille, mais il m'a laissé un message en me demandant de le rappeler, d'une façon plutôt expéditive. Je ne l'ai pas fait. J'ai changé de numéro de téléphone mobile, et d'adresse mail. Je n'avais pas Facebook, heureusement. Avant de revenir sur Grenoble, j'ai pris rendez vous avec mon médecin généraliste. Il fallait en finir...

Au retour, j'ai été voir mon camping-car, que j'avais laissé sur le parking. Il était encore là, intact, personne n'y avait touché. Un mot, sur le pare-brise, disait ceci : « Nous nous demandons où tu es passé. Nous sommes inquiets pour toi. Rappelle nous vite. Nordland et Skog. ». Et voilà... J'ai rappelé Nordland seulement. Je suis allé le voir tout de suite... Il m'a immédiatement demandé des explications. Parce qu'il était venu dans le quartier où j'habitais à l'époque, et avait vu un déploiement surprenant de policiers et de gendarmes, dont certains du PSIG, sans compter un assortiment complet de véhicules évoquant des scènes d'arrestation d'un vrai terroriste... ainsi que sur son lieu de travail, dans un centre commercial bien connu. Je lui ai tout raconté, d'un bloc... il m'a assuré de son soutien. Trois jours plus tard, j'étais hospitalisé en clinique psychiatrique, de ma propre volonté. Il fallait mettre un terme à ce mal.


Chapitre VI : convalescence...

Les symptômes de la maladie (hallucinations auditives/olfactives, délires de persécution/complot, bouffées d'angoisse, crises de larmes, cauchemars abominables...) ont cessé brutalement dans les 48 heures suivant mon arrivée à la clinique. Traitement de choc et doses de cheval : antipsychotique puissant en gouttes et en cachets trois fois par jour, antidépresseur et anxiolytiques. Je ne faisais pas grand chose de mes journées... Le matin, petit déjeuner et toilette, un peu de rangement dans ma chambre, la visite du psychiatre qui adaptait mon traitement, le repas de midi, une sieste, et j'essayais d'occuper mon après midi. Maman venait me voir tous les jours, avant le repas du soir. A trois reprises, j'ai pu sortir de la clinique quelques heures, pour rentrer chez moi et prendre des affaires.

Je me suis mis à lire, des livres sur les runes de divination notamment, la magie blanche, la tradition celtique et scandinave, les croyances amérindiennes, et j'ai recommencé à écouter du metal, petit à petit. J'ai renoncé à jouer à la plupart des jeux que j'avais sur l'ordinateur, parce qu'ils étaient trop violents... La vie à la clinique se passait bien, je parlais avec beaucoup de patients, je faisais des ballades avec eux, je prenais le soleil... Mon psychiatre me rassurait, me certifiait que je n'avais rien fait de mal, que j'avais juste fréquenté les mauvaises personnes... et ça me faisait du bien. Les choses se remettaient en ordre.

J'ai décidé de prendre un tournant radical, de donner un sens différent et bon à ma vie. J'ai commencé par mettre de côté les jeux, CD et films trop violents de côté, pour le moment, et j'en ai refourgué certains. Je ne donnais plus de nouvelles à Skog... J'ai revendu le camping-car, et renoncé définitivement à la vie de bohème. Je me suis mis à écrire, et notamment une lettre à mon père, que je n'ai toujours pas envoyée... J'ai gardé le positif, et tenté d'éliminer le négatif. J'ai appelé mon patron, en lui disant que je ne reprendrai pas le travail avant plusieurs mois. Il m'a répondu : « Prenez le temps de vous soigner, et revenez en forme, on compte sur vous. » Bon. Maman me proposait de reprendre des études, une fois que je serai guéri. Et pourquoi faire ? Je ne me voyais pas poser mon arrière-train sur les bancs d'une université, à préparer un diplôme... Et quel diplôme ? Un CACES d'Occitan - Enseignant de Langue Régionale ? Une L3 d'Histoire Médiévale et Antique ? Un diplôme d'Ingénieur Météorologue, alors que j'ai toujours été une quiche en maths et en physique ? Je ne me sentais bon qu'à conduire un camion. Je me sous-estimais gravement. Aujourd'hui, je regrette un peu d'avoir laissé cet aspect de la question de côté.

Mon hospitalisation dura un mois et demi. J'ai demandé à sortir de la clinique une fois que je me suis senti mieux, ce fut fait sans problèmes. Le diagnostic tomba, comme un coup de massue : schizophrénie paranoïde. Une phrase lapidaire, délivrée en 2 minutes chrono à ma mère par la "psychiatre". Pas d'explications, pas d'informations, juste l'ordonnance, démerdez-vous avec ça. Belle conception de la psychiatrie en France, ça vaut bien la peine de faire 10 ans d'études pour être aussi compétente (la première syllabe de ce mot dit tout ce qu'il y a à savoir). J'avais un traitement à prendre, à peine diminué, et un autre psychiatre à consulter, en ville... J'y fus, trois fois, avant d'en changer. Je finis par en trouver un qui aidait vraiment les jeunes dans mon cas. Il me proposa la forme injectable du traitement, je finis par accepter, donc pendant 1 an et demi, j'ai eu une injection médicamenteuse tous les quinze jours. Pas de rechute. Des réminiscences, certes... Des pensées sombres, parfois, mais rien de grave.

Chapitre VII : retour à une vie normale.

Avec l'accord de mon psychiatre et une visite médicale du travail favorable, je pus reprendre le travail, dans la même entreprise. Nous sommes en mars 2011. Cela se passa plutôt bien : voyages en Italie, en Suisse, en Espagne, retour à une existence de chauffeur routier. Jusqu'en juin de la même année... J'avais alors manqué mon rendez vous chez le psychiatre deux fois de suite... Lequel appela la médecine du travail, et je passais à nouveau une visite médicale. Cette fois ci, je finis par être déclaré inapte au transport de matières dangereuses (la spécialité de mon patron), ainsi qu'à tout poste de sécurité. Donc, licenciement pour inaptitude en vue... Ils m'ont proposé un poste de mécanicien poids lourds, à Mulhouse... J'ai refusé, car je n'ai aucun diplôme correspondant à cette fonction, aucune connaissance dans ce domaine, et aucune envie d'aller à Mulhouse. Le licenciement prit un mois environ. Terminé.

Je filais m'inscrire au pôle emploi, dont je salue en passant l'efficacité et la rapidité (c'est ironique), et cherchais activement un autre emploi... Je me suis inscrit dans plusieurs agences intérim. D'août à octobre, j'ai fait trois courtes missions, qui m'ont un peu occupé, sans plus. Je savais que la saison de sports d'hiver commençait début décembre. Donc j'ai à nouveau postulé, sur conseil d'Orèl la Farfadette, pour un poste de chauffeur livreur, en blanchisserie, comme à l'hiver 2009/2010. Engagé. Entre temps, je m'étais installé seul en appartement, à Grenoble même. Enfin indépendant ! Cela allait me faire du bien. J'ai donc commencé mon nouvel emploi mi décembre. J'apprivoisais rapidement ma tournée... mais je rentrais épuisé chaque soir, et je ne mettais pas longtemps à m'endormir. Tout se passa plutôt bien jusqu'au début du mois de mars 2012, quand mon médecin me mit en arrêt de travail, pour TAG : Troubles de l'Angoisse Généralisés... Non, ce n'est pas une rechute, mais des séquelles de la maladie. Il fallait que je me fasse une raison : ce métier est devenu trop dur physiquement et moralement, par rapport à mon état de santé.

J'en viens donc à parler de reconversion avec mes proches. Et là, ils se renseignent, et m'apprennent l'existence d'un organisme s'occupant de la reconversion professionnelle des personnes atteintes d'un handicap psychique. Il faut appeler les choses par leur vrai nom. Je commence donc par compléter et renvoyer un dossier à la Maison Départementale des Personnes Handicapées, étape nécessaire pour la suite. Réponse quelques jours plus tard : dossier complet, en cours de traitement. Ouf. Maintenant, j'attends, et je cherche des idées de formation pour la suite.

Culturellement aussi, j'ai repris une vie normale. Ou presque. Je revois Nordland, le Grand, et les autres metalleux de Grenoble régulièrement, on vadrouille en ville ensemble, on va à des concerts, on discute de tout et de rien, on s'éclate ! Cela ne nous fait pas peur de crier « Dominique Strauss Kahn » (!) en plein concert de metal, par exemple ! Bref, on vit. Je n'ai actuellement plus aucun contact avec Skog, il a dû m'oublier, ou avoir eu peur que je parle de lui aux autorités... Ou alors, il est mort d'alcool ou d'autre chose. C'est mieux ainsi, de ne plus le voir, de ne plus avoir à lui parler. Je ne souhaite pas retourner dans la noirceur, j'en ai tellement souffert. J'ai pris cette expérience comme une crise grave de mon existence, avec deux chemins : un menant dans les ténèbres, puis sans doute à la mort ou à la prison, et un autre, s'éloignant de tout cela. Spirituellement, je n'ai jamais été réellement sataniste. Juste païen, ce qui effraie déjà bien trop les cons peureux ou qui excite les jeunes coqs de banlieue en quête d'un trophée de "chasse urbaine", fût-il "mécréant" à leurs yeux.

Je vois toujours un psychiatre, depuis août 2010, sans interruption. C'est essentiel pour la bonne prise en charge de ma maladie. Et je prends correctement mon traitement. Les effets secondaires ne manquent pas, mais mon organisme semble s'y être habitué, en termes de métabolisme, et de fatigue généralisée, les années passant.

Pour dresser le bilan de tout cela... Je dirais que mon intelligence, ma bonté, mon envie de rendre service et mon idéalisme forcené m'ont joué des tours pendables... Jamais, je pense, je ne saurais exactement tout ce qu'il s'est réellement passé pendant que je délirais... et finalement, je ne préfère pas savoir tout ça, se faire du mal est inutile.. Maintenant, je sais avec certitude que si quelqu'un a réellement commis des actes indescriptibles, s'est comporté de façon indicible envers la réalité de l'Histoire, a prétendu ne rien savoir devant les forces de l'ordre... c'est bien Skog lui même, et personne d'autre.

Quant aux déclencheurs de ma maladie, ils sont nombreux. Tout d'abord, il y a l'absence et le manque de mon père, que je n'ai vu que deux fois quand j'étais jeune, et ce n'est pas une perte. Ensuite, il y a une dépression nerveuse à l'adolescence, je l'ai écrit dans ce récit. En troisième position, je dirais, le régime amaigrissant prescrit par le charlatan diplômé. Je ne pouvais pas envisager une seule seconde que le déficit en féculents dans mon alimentation d'alors allait me retourner le cerveau à ce point ! Et enfin, en dernier, il y a eu la fatigue, la bronchite juste avant la bouffée délirante, et bien sûr l'incident sur la route, avec les "gens du voyage". J'en profite pour les remercier du fond du cœur pour le bordel incroyable qu'ils ont foutu dans mon ancien quartier... dans le but de se "rembourser les dégâts", quitte à voler des voitures de personnes qui n'avaient rien à voir avec tout ça, peu importe si ils pétaient des moteurs ou des boîtes de vitesses si la première était enclenchée en stationnement, le tout pour 500 € de réparations sur une voiture assurée tous risques, évidemment. Il faut bien qu'ils "travaillent"... D'autres vivent sur la route et honnêtement. Il serait bon de faire le distinguo qui s'impose.

Aujourd'hui, j'aspire juste à vivre normalement. J'ai toujours un projet : acheter, dans un futur à long terme, une petite maison ici en Bretagne. J'avoue qu'un endroit où les maisons ne sont pas chères, où il y a des dolmens, et où le calme demeure, me plaît de toute façon bien plus que Grenoble ou Guéret.

Je ne souhaite pas que ce texte soit une leçon de morale, juste qu'il puisse servir d'exemple à ne pas suivre en ce qui concerne l'implication dans la face sombre de la culture metal et dans certaines "spiritualités" occultes ou "idéologies" politiques franchement infâmes.

Merci de m'avoir lu. Que les Anciens Dieux veillent sur celles et ceux qui leur accordent une importance. Merci aussi aux athées, qui comprendront que rien dans ce texte n'est prosélyte ni racoleur pour une "chapelle" ou pour une autre. Quant aux intégristes de toutes les religions, qu'ils nous foutent la paix. Le Monde n'a pas besoin d'eux.

Troll
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Chemin de Haine - Mémoires d'un Metalleux, de retour de la Noirceur...
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